La Compagnie FIVES-LILLE

Voir les locomotives Fives-Lille

Les ateliers d'Oullins - FIVES-LILLE - Givors

Le destin tient parfois à peu de chose: Voyons comment les ateliers d’Oullins situés près du confluent de l’Yzeron et du Rhône ont échappé à un grand destin industriel en raison de la non reconduction d’un bail de location…

En 1844, alors que le chemin de fer de Saint-Étienne à Lyon a un peu moins de douze ans d'existence et que, déjà, la traction mécanique remplace définitivement la traction animale, l'ingénieur Clément Désormes crée à Oullins, aux portes méridionales de la métropole lyonnaise, sur les berges de l'Yzeron, des ateliers spéciaux pour la fabrication de matériel ferroviaire. Mais il connut de nombreux ennuis de trésorerie et dut, en mars 1853, vendre ses Ateliers à la Compagnie de chemin de fer du "Grand Central de France" qui en avait besoin pour mener à bien son projet de ligne Lyon-Bordeaux.

Pendant sept ans, à compter du 31 juillet 1854, ces ateliers furent loués par la Compagnie du Grand Central à la Société " PARENT et SCHAKEN" constructeurs de locomotives. Les ateliers d’Oullins étaient dotés, dès la fin de 1849, à côté d’installations reliées au Rhône, destinées à la construction navale, d’un atelier de fabrication de locomotives, et, entre 1850 et 1854, sous la direction du remarquable ingénieur, Clément DÉSORMES, toujours lui, plus de 60 machines y ont été montées.

PARENT et SCHAKEN  en font un établissement indépendant , la régie d’Oullins, dont la direction est confiée à CAILLET et HOUEL, ce dernier un transfuge de chez CAIL.

Les nouveaux constructeurs se voient dès lors confier des  commandes massives. La Compagnie "Le Grand Central de France" (qui sera reprise plus tard par le PLM)  les charge de la fabrication de toutes les locomotives et de tous les tenders qu’utiliseront ses  sections de lignes concédées.

  Le 18 mars 1855, on leur demande 15 locomotives mixtes et 10 machines pour marchandises. La demande est telle que les deux associés doivent confier à CAIL la sous-traitance de 10 autres machines.

Le 1er août 1861, le bail de PARENT et SCHAKEN prend fin  et malgré leur désir, n’est pas renouvelé. C'est donc, la Compagnie du Chemin de Fer du Grand Central de France qui reprend l'exploitation de ses ateliers d’Oullins mais le Grand Central fait faillite et les ateliers d’Oullins passent désormais sous le contrôle du P.L.M. (et plus tard de la S.N.C.F.)

(Notons ici que les ateliers d'Oullins échapperont définitivement à ce qui deviendra la future entreprise Fives-Lille - ateliers de Lille et de Givors - On y fabriquera toujours des locomotives mais pour le compte du PLM puis de la SNCF...)

Cet incident vaut au Nord une de ses plus belles firmes. Le 6 septembre 1861, une société, en nom collectif, "PARENT, SCHAKEN, CAILLET et Compagnie", est fondée pour la création d’un atelier de constructions mécaniques, de chaudronnerie pour les chemins de fer, la marine et les industries diverses à Fives (Nord), faubourg est de Lille, à quelques centaines de mètres des fortifications, en une campagne jusqu’alors verdoyante, 10 hectares sont acquis.

 L'année même de sa naissance, la Compagnie fournit trente locomotives aux réseaux de chemin de fer du P.L.M. et de l'Ouest et assure, en plus de la fonderie, la livraison de matériel destiné à la voie ferrée, et en particulier les machines à vapeur, les ponts et les charpentes métalliques, auxquels s'ajoutent les éléments pour l'artillerie et les sucreries. Cette extension prodigieusement rapide permet à l'entreprise d'agrandir l'usine de Fives.

Mais au lieu d'établir une seconde unité de production dans le Nord, elle revient vers la région lyonnaise et s'implante à Givors. Le 30 septembre 1862 le Préfet du Rhône signe l'arrêté autorisant les sieurs Parent Schaken Caillet et Compagnie à "établir un atelier de construction mécanique au lieu dit La Freydière à Givors...

Le 13 décembre 1865, la Compagnie de Fives-Lille est officiellement créée. Ce nom fera le tour du monde. L'usine avec ses 1500 ouvriers, ses 12 marteaux-pilons, ses 500 machines-outils, sort 80 locomotives annuellement. On assiste bientôt à l'édification d'un gigantesque empire industriel dont les fabrications comprennent les matériels ferroviaires, les ponts et charpentes métalliques, le matériel d'artillerie, les générateurs à vapeurs, les machines à vapeur et les matériels pour sucreries.

En 1867, l'Empereur, lors de son voyage dans le Nord, viendra visiter les ateliers. Les Lillois appellent cette firme, venue d'ailleurs, " l'usine lyonnaise " : les ateliers d'Oullins imposent leur souvenir. PARENT et SHAKEN eussent pu revendiquer qu'on l'appelât l'usine belge. Au temps des origines, ce nom n'eût certes pas été une appellation usurpée...

En 1886, la compagnie  Fives-Lille procède à la livraison de quatre locomotives à vapeur de type 031T - modèle 95 à la Compagnie naissante de chemin de fer de Fourvière et de l'Ouest Lyonnais (FOL). Les trois premières seront livrées le 6 avril 1886:  n°1 "VAUGNERAY" -  n°2 "MORNANT" et n°3 "CRAPONNE". La 4ème sera livrée le 14 novembre 1886:  n°4 "RHÔNE". 

Le 27 janvier 1887, La compagnie  Fives-Lille procède à la livraison de la 5ème locomotive à vapeur de type 031T : n°5 "LOIRE". 

En 1892, la compagnie  Fives-Lille procède à la livraison de la 6ème locomotive à vapeur de type 031T : n°6 "CROIX-ROUSSE". 

Ces locomotives pouvaient avoir été fabriquées dans les ateliers de Givors ou de Lille (Fives) mais nous n'avons pas retrouvé de documents précis à ce sujet...

 Le pont Alexandre III et la charpente métallique de la gare d'Orsay à Paris, les ponts suspendus sur le Danube (Autriche, Hongrie, Roumanie), sur le Rhône (Le Teil), la Seine (Neuilly), la Saône (Bragny), la Durance (Cavaillon, Marabeau), l'Allier (Vichy), le Guadahortuna (Espagne), l'Aulne (Terennez), les ponts levants de Hamoul (Egypte) et de Caronte (Bouches du Rhône), les ponts basculants de Marseille et de Saint-Nazaire, la grue pivotante de Brest, les vannes et turbines de Génissiat et de Donzère-Mondragon, les machines des contre torpilleurs "Vauban" et "Lion" sont autant de réalisations prestigieuses qui figurent sur le livre d'or de Fives-Lille.

En 1958, "Cail" et "Fives-Lille" se regroupent pour donner naissance à la société "Fives-Lille-Cail"

En 1973, "Fives-Lille-Cail" fusionne avec la chaudiériste "Babcock-Atlantique". La nouvelle société prend le nom de "Fives-Cail Babcock" (FCB).

En 1968, la FCB est alors avec ses propres filiales la pièce maîtresse d'une société holding créée cette année.

En 1980, la FCB reprend l'ancien nom de la Compagnie de Fives-Lille qui deviendra en 1983 le "groupe Fives-Lille".


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Les locomotives  Fives-Lille

Les 030 T - Fives-Lille     Ces locomotives sont montées avec 3 essieux-moteurs (6 roues motrices). Il n'y a pas d'essieu porteur.

 

Voici une magnifique 030T-Fives-Lille construite en 1933 et très bien restaurée...

Les nostalgiques des locomotives d'antan peuvent désormais réaliser leur rêve: conduire une 030T. En effet, des stages d'initiation sont proposés par l'association du Chemin de fer touristique du Vermandois, au départ de son dépôt situé à la Vallée Saint-Lazare à Saint-Quentin (Aisne). Les visiteurs peuvent conduire leur locomotive à vapeur, une "030T Fives-Lille", construite en 1933.


Les 031 T - Fives-Lille     L'essieu porteur est situé à l'arrière derrière les 3 essieux moteurs. Six locomotives de ce type ont circulé sur les lignes de l'Ouest Lyonnais.

Les locomotives de type 031T Fives-Lille ont surtout été utilisées sur des lignes à forte pente et avec de faibles rayons de courbure: Chemin de fer de La Mure dans les Alpes, chemins de fer Corses avec beaucoup de dénivellation et de virages entre Bastia et Ajaccio (Altitude à la sortie de la gare de Vizzavona: 906 m avant le tunnel de près de 4 km qui descend vers Ajaccio), et bien sûr, notre ligne de l'Ouest Lyonnais avec une forte pente notamment entre l'Etoile d'Alaï (Francheville) et Craponne... Un grand nombre de locomotives "Fives-Lille - 031T" ont circulé sur les Chemins de Fer Corses (CFC) dont les n° 30, 34, 30 et 41. Les locomotives n° 28 à 41 qui ont été construites entre 1887 et 1888 ont circulé en Corse jusqu'en 1948 où la dernière a été retirée du service.

La  locomotive n°2 "MORNANT"de type 031T Modèle n°95 de la Société Fives-Lille mise en service à BRINDAS

Cette locomotive n°2 circulait dès 1887 sur la ligne du chemin de fer de l'Ouest Lyonnais entre la gare de Lyon-Saint-Just (correspondance avec le funiculaire Saint-Jean - Saint-Just) et la gare de Mornant (d'où le nom de la locomotive). Une locomotive identique (La n° 1 - Vaugneray) circulait sur le tronçon entre la gare de Lyon-Saint-Just et Vaugneray, ce tronçon fut le premier à être mis en service en 1886.Deux autres locomotives similaires viendront peu de temps après renforcer le parc locomotives: n°3 "Craponne" et n°4 "Rhône". En 1887, la n°5 "Loire" puis en 1892, la n°6 "Croix-Rousse" viendront compléter le parc des Fives-Lille.

Plus de détails sur les locomotives utilisées sur le réseau du FOL


Une  locomotive de type 031T de la Société Fives-Lille utilisée sur le chemin de fer de La Mure

La locomotive n°30 de type 031T de la Société Fives-Lille (Chemins de fer Corses)

La locomotive n°34 de type 031T de la Société Fives-Lille à CORTE (Corse)

La locomotive n°39 de type 031T de la Société Fives-Lille en service à BASTIA

 

La même locomotive n°39 de type 031T de la Société Fives-Lille en fin de "vie"

La locomotive n°41 de type 031T de la Société Fives-Lille à Vizzavona (Corse) - 906 m d'altitude


Attention, ne confondons pas les 031T construites par Fives-Lille avec d'autres locomotives de type 031T construites par d'autres industriels comme la compagnie lyonnaise Buffaud-Robatel, l'entreprise Corpet-Louvet, l'entreprise Decauville, etc ...


Image mise gracieusement à disposition par http://www.carreweb.fr/

On peut encore trouver des 031T en service mais celle-ci est une BUFFAUD-ROBATEL bien restaurée circulant lors de la fête de la vapeur dans la baie de Somme en 2006 !

Notons que le FOL faisait parfois appel à cette entreprise pour réparer  ses locomotives. En 1901, la 031T-Fives-Lille n°3 "CRAPONNE" était en réparation dans les ateliers lyonnais de BUFFAUD&ROBATEL...

Cette locomotive circulant sur la plage de Berck est  toujours une 031T mais elle a été construite par les établissements CORPET-LOUVET.

  

Et voici une magnifique 031T construite par les Etablissements DECAUVILLE, magnifiquement restaurée...

Notons que les Etablissements DECAUVILLE ont procédé à la restauration d'une ancienne 031T-Fives-Lille qu'ils ont vendue remise à neuf en novembre 1913 (sans doute la n°6 "CROIX-ROUSSE" qui avait été vendue en même temps que la n°4 "RHÔNE"par le FOL au Chemin de Fer de La Mure en janvier 1900. Cette Compagnie les a revendues en 1907 après avoir lancé la traction électrique sur sa ligne. On retrouve ces deux locomotives dans les Pyrénées Orientales entre 1910 et 1911 pour la construction de la ligne Bourg-Madame - Mont Louis...)


Les 130 T - Fives-Lille    L'essieu porteur est devant les 3 essieux moteurs, c'est le système standard le plus classique ; elles ressemblaient beaucoup aux précédentes. Elles ont été construites en 1891.

Cette locomotive n°61 de type 130T de la Société Fives-Lille circulait sur le chemin de fer du Vivarais


Les 131 T     Elles disposaient d'un essieu avant porteur, de 3 essieux moteurs et d'un essieu arrière porteur.

 

Locomotive (prototype)  de type 131T de la Société Fives-Lille (Florac - 1958)


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